34 Vilain, de son côté, explique que son propre texte (L’étreinte) n’était pas un recueil de faits « réels » :
La veine autofictionnelle me permettait, dans un geste émancipateur, de réécrire l’histoire, de donner une version romancée, plus ou moins fantasmée, de la relation – cela en jouant sur une ambiguïté romanesque : en effet, je savais très bien que, même en ne racontant pas exactement la vérité, les lecteurs auraient la naïveté de croire que tous ces événements m’étaient réellement arrivés, puisque j’évoquais une personne réelle.
Le pacte autofictionnel, on l’a vu, peut être interprété de différentes façons et si certains s’astreignent à une rigoureuse exactitude dans le récit des faits rapportés (le mot fiction est alors entendu comme « mise en forme »), d’autres entendent ce même mot dans un sens plus traditionnel (« fictionnalisation de soi ») : le reproche qu’Ernaux adresse à l’autofiction dans le passage cité un peu plus haut s’appuie sur cette signification qui semble aussi être celle que Vilain donne à ce mot.