57 Le journal intime comme « preuve »
Le journal intime me sert de pièce à conviction pour les autres textes : ce qui a été écrit dans le journal a vraiment été ressenti à un moment, c’est la preuve que cela a bien eu lieu. L’idée de preuve est un fil rouge de mon écriture, lié au souci de la réalité.
Ernaux tient un journal intime dans lequel elle consigne une série d’impressions fugitives qui deviendront les matériaux à partir desquels elle construira ses livres. Le texte de ses livres publiés s’enracine donc dans le vécu très concrètement (à travers le journal intime) et n’est nullement une construction arbitraire.
Il y a bien une recherche d’authenticité. Mais l’authenticité est ici conçue dans un sens transpersonnel. On sait combien, chez ceux qui ont introduit la notion d’authenticité en philosophie, revient le contraste entre le « on » collectif et l’authenticité du « je ». Rien de tel ici : être authentique signifie, pour Ernaux, non pas « renter en soi » mais « sortir de soi ».