26 Le récit sociologique
Et, autre type d’écriture transpersonnelle, le récit de soi « ethnographique » ou sociologique. C’est dans cette catégorie qu’on va trouver les œuvres d’Annie Ernaux. Blanckeman écrit :
Autre mode transpersonnel, le récit de soi ethnographique atteste d’une existence personnelle qui se présente avant tout comme un segment de vie communautaire. Ce type de récit ne relève pas d’une culture de la subjectivité intimiste, le moi ne l’intéresse pas en tant que tel, ni d’une culture du Sujet philosophique, l’être abstrait ne le concerne pas. Entre le singulier et l’universel, le récit ethnographique cible le sujet commun, celui qui, dans un temps de civilisation donné, se fonde à l’interaction de l’intime et du culturel. Ainsi les récits d’Annie Ernaux (dont La place, 1984) présentent-ils, depuis une situation intime, une étude dépersonnalisante. Quelques jeunes écrivains, comme Philippe Vilain (Le renoncement, 2001) et Grégoire Bouillier (Rapport sur moi, 2002), inscrivent leurs débuts littéraires dans sa lignée. Ernaux elle-même poursuit à sa façon, sociopolitique, un projet qui rappelle celui de Georges Perec, l’homme de Je me souviens (1978), de Lieux (extraits publiés dans Espèces d’espaces – 1974), des textes rassemblés dans Penser/classer (1998).