10 L’auto-socio-biographie

On verra que les proximités de l’autofiction avec la philosophie, que nous avons repérées la dernière fois ou, plus exactement, les proximités de l’autofiction avec les thématiques philosophique de la subjectivité, du moi et du « récit de soi », se transforment, chez Ernaux, en proximités avec la sociologie, sans doute parce que, comme elle le dit, elle cherche à « saisir, dans [son] expérience, les signes d’une réalité familiale, sociale ou passionnelle. »

Il y a, dans l’auto-socio-biographie (nom qu’elle finit par donner au genre de textes qu’elle produit) une recherche de la façon dont les structures sociales s’impriment dans les individus.

Le tout est effectué par un recours aussi clinique que possible au « ressenti », sans ce puissant ingrédient traditionnel de l’écriture littéraire qu’est la métaphore. Le mot « clinique », souvent utilisé pour qualifier la prose d’Ernaux, veut dire : « dépourvu de métaphores ».