54 Le contraire d’un travail sur soi
Dans un autre passage Ernaux précise en quoi son écriture se distingue de la psychanalyse (on se souvient que Doubrovsky revendiquait une liaison étroite de la l’autofiction avec la psychanalyse : donc, là encore, différence importante).
La psychanalyse, sans doute parce que justement mes zones d’ombre personnelles ne m’intéressent pas trop, m’a toujours été indifférente. Que me feraient des révélations ponctuelles ? Et surtout qu’en ferais-je ? Je veux dire, qu’en ferais-je dans l’écriture ? Que des lecteurs expriment souvent leur croyance qu’écrire revienne au même qu’une psychanalyse, surtout s’il s’agit d’une écriture autobiographique, me paraît participer d’une espérance et d’un malentendu. […] C’est tout le contraire d’un « travail sur soi ». Si j’ai à me guérir de quelque chose, cela ne passe pour moi que par le travail sur le langage, et sur la transmission, le don aux autres d’un texte, qu’ils le prennent ou le refusent.