39 Problématique éthique de l’autofiction

Comme, dans l’autofiction, les personnages et les faits sont réels tandis que les interprétations sont fictives, au sens où elles sont librement construites, forgées, par l’écrivain, il est inévitable que cela conduise à d’infinie querelles, comme l’avait d’ailleurs déjà remarqué Kant lorsqu’il imagina, dans L’anthropologie d’un point de vue pragmatique, un monde dans lequel chacun saurait tout ce que l’autre a pu penser.

Kant concluait qu’un tel monde serait impossible parce qu’invivable. La discorde y éclaterait à tout instant.

On voit, au passage, combien le présumé « mythe de l’intériorité » est peu crédible au regard de l’existence sociale qui est un fait constatable, même si cette dernière se construit sur le non-dit, le malentendu, l’équivoque.