56 C’est la société qui nous impose une identité

Le « je » qui est au cœur de ses textes n’est pas un je personnel, c’est un je qu’elle qualifie de transpersonnel.

Non, ce n’est pas un « je » personnel, je l’avais qualifié de « transpersonnel ». C’est un lieu qui est traversé par une passion, par la déchirure sociale, par la honte et – ce qui est plus troublant – par ce qui arrive au corps : l’avortement et le cancer, des choses qui apparaissent comme indicibles et qui vous mettent en relation avec la vie et la mort.

Avec ce terme de « transpersonnel », un concept cherche bien à être atteint. C’est le concept d’une existence qui n’est pas centrée sur soi, amis qui est, au contraire, pleine d’autrui et des effets passionnels qu’ils déclenchent.

Ernaux ajoute :

Le vrai « je », c’est le journal intime.

Et une trappe s’ouvre ici sur ce qu’on pourrait nommer son laboratoire d’écriture (elle parle plus volontiers de chantier).