13 La littérature sans estomac

Mais voyons d’abord la nature des critiques émises à l’endroit de l’autofiction par le livre La littérature sans estomac (2002).

Il s’agit, dans un premier temps, pour Jourde, de faire une rapide rétrospective de l’histoire littéraire de la seconde moitié du vingtième siècle.

Nous y retrouvons les principaux moments que nous avons déjà repérés :

Les « nouveaux romanciers » élaboraient des produits froids. On les absorbait avec le respect dû à ce qui permet de croire que l’on est intelligent et que l’on va dans le sens de l’histoire. C’était l’époque où l’on avait envie de défendre Robbe-Grillet parce que les conformistes l’attaquaient. Jean Ricardou présidait les soviets suprêmes du nouveau roman avec une mansuétude démocratique qui faisait songer au regretté Béria [le bras droit de Staline]. Mais il y avait Sarraute, Pinget. Une certaine hauteur d’exigence fournissait la contrepartie du sectarisme.

Et cette époque aurait été suivie d’un retour à la notion d’authenticité.

Pourtant, la froideur clinique de la description qu’on trouve chez Ernaux semble, par certains côtés, renouer avec la froideur qui se voulait impersonnelle des textes du Nouveau Roman.