18 Structure du livre

Le livre est divisé en 24 chapitres. Extrait du chapitre VII :

Elle se tenait aux aguets, s’interposait pour qu’il n’entendît pas, parlait elle-même sans cesse, cherchait à le distraire : « La crise… et ce chômage qui va en augmentant. Bien sûr, cela lui paraissait clair, à lui qui connaissait si bien ces choses… Mais elle ne savait pas… On lui avait raconté pourtant… Mais il avait raison, quand on réfléchissait, tout devenait si évident, si simple… C’était curieux, navrant de voir la naïveté de tant de braves gens. » Tout allait bien. Il paraissait content. Tout en buvant son thé, il expliquait de son air indulgent, sûr de lui, et il faisait entendre parfois, plissant la joue, pressant la langue contre ses dents de côté pour en chasser un reste de nourriture, un bruit particulier, une sorte de sifflement, qui avait toujours chez lui un petit ton satisfait, insouciant.

Les personnages sont réduits à un « elle » et à un « il ». On ne sait rien d’autre d’eux que ce qui se présente dans leur échange. Et cet échange se caractérise ici par le fait qu’on parle « de choses et d’autres » (sur des thèmes reliés à l’actualité mais à travers lesquels se joue, en fait, les attirances ou les répulsions entre les personnages).

C’est cela que Sarraute essaie de rendre : les fluctuations de sens qui tapissent toute relation humaine, les attentes implicites, qui affleurent dans la conversation mais qui n’y sont pas données explicitement. C’est cela qui est suivi par l’auteur et non pas l’intrigue ou ce qui se déroule entre les personnages. Le style est donc une façon de tourner l’attention vers une partie ignorée de la situation.