6 L’ère du soupçon
Il s’agit d’une série de quatre essais sur le roman qui ont été publiés à partir de 1947 sous forme d’articles, sur le genre de vérité que le romancier cherche à exprimer : 1) De Dostoïevski à Kafka ; 2) L’ère du soupçon ; 3) Conversation et sous-conversation ; 4) Ce que voient les oiseaux.
Dans l’interprétation que je vais vous proposer de ce qu’a cherché à faire le Nouveau Roman, vous le verrez, Sarraute occupe l’un des pôles. L’autre pôle est occupé par la position qui sera défendue par Robbe-Grillet (que nous suivrons plus particulièrement la prochaine fois).
Il est donc crucial de bien saisir l’argumentation que développe Sarraute qui porte à la fois sur ce qu’un roman cherche à faire (donc sur la fonction du roman) et sur la façon dont il le fait (ou peut le faire) : le style.
Cette argumentation nous servira de point de repère pour préciser l’un des objectifs de cette forme romanesque, pour comprendre la généalogie dont elle se réclame, et pour identifier ce qui la sépare d’une autre façon de comprendre les objectifs de l’école du Nouveau Roman.
On le voit donc immédiatement : il n’y a pas un objectif du Nouveau Roman, mais plutôt un ensemble de traits qui rapproche des auteurs ayant des objectifs assez différents.