28 Comparaison avec Proust et Kafka
Et, de la même façon, chez Proust :
L’œuvre de Proust nous montre déjà comment ces états (il faudrait dire ces mouvements) complexes et subtils dont il parvient, dans sa quête anxieuse, à capter, à travers tous ses héros, les infimes diaprures, sont ce qui subsiste dans cette œuvre de plus précieux et de plus solide, alors que les enveloppes, peut-être un peu trop épaisses, Swann, Odette, Oriane de Guermantes ou les Verdurin, prennent déjà le chemin de ce vaste musée Grévin où sont relégués, tôt ou tard, les « types » littéraires.
Et, c’est aussi le cas chez Kafka, selon Sarraute :
Telles ces dissections savantes de la conduite et des sentiments de K. à l’égard de Frieda, opérées au moyen du plus fin scalpel, tour à tour par l’hôtelière, puis par Frieda, puis par K. lui-même, et qui révèlent le jeu compliqué de rouages délicats, un miroitement d’intentions, d’impulsions, de calculs, d’impressions, de pressentiments multiples et souvent contradictoires.