41 Emploi du terme de « sous-conversation »
Et Sartre :
Ainsi la conversation sacrée, échange rituel de lieux communs, dissimule une « sous-conversation » où les ventouses se frôlent, se lèchent, s’aspirent.
C’est donc Sartre qui a proposé le concept à partir duquel Sarraute reconnaîtra le mouvement qu’elle a cherché à accomplir dans Tropismes. Nous avons ici un bel exemple de ce que peut être la littérature éclairée par la philosophie et de la philosophie éclairée par la littérature :
La philosophie, avec Heidegger, a avancé le terme de « bavardage » (la parlerie de Sartre) pour caractériser tout un pan de l’usage commun du langage.
Sarraute propose une certaine forme romanesque destinée à mener le roman plus loin que ne l’avait mené ses prédécesseurs dans l’investigation du réel.
Un philosophe (Sartre) qualifie le mouvement qu’elle effectue de « sous-conversation ».
Ce terme est repris à son propre compte par l’écrivain pour qualifier ce qu’elle fait elle-même et qui vise, avec plus de précision, peut-être que le terme initial de « tropisme » ce que Sarraute entendait désigner par son art.