Être et temps, § 25

Qu’y a-t-il de plus indubitable que la donation du Je ? De plus, inhérente à cet être-donné, et aux fins de son élaboration originelle, la consigne n’est-elle pas de faire d’abord abstraction de tout ce qui est « donné » par ailleurs, à savoir non seulement d’un « monde » étant, mais également de l’être d’autres « Je » ? En fait, il est possible de prendre ce que donne ce mode de donation, à savoir la simple réception formelle et réflexive du Je, comme une évidence première. Cette façon de voir ouvre même l’accès à une problématique phénoménologique autonome qui, en tant que « phénoménologie formelle de la conscience », a sa signification principielle et son cadre structurant. (25.al. 4)

Dans le présent contexte d’une analytique existentiale du Dasein en situation, la question se pose de savoir si le mode mentionné ici de donation du Je, à supposer qu’il ouvre vraiment le Dasein, l’ouvre dans sa quotidienneté. Va-t-il donc à priori de soi qu’il faille que l’accès au Dasein soit une réflexion simplement interrogative portant sur le Je et ses actes de conscience ? Et si, pour l’analytique existentiale, ce mode d’« auto-donation » du Dasein était un leurre fondé dans l’être du Dasein lui-même ? Il se peut que le Dasein, en s’évoquant immédiatement soi-même, dise toujours : « je suis », et peut-être est-ce finalement quand il « n’est pas » cet étant qu’il le dit le plus fort ?