Différence entre Husserl et Heidegger
Grande différence, ici, notons-le immédiatement, avec Heidegger, qui lui ne part pas du dénuement complet, mais de la « compréhension moyenne de l’être dans laquelle nous évoluons toujours déjà », de la vie humaine et la compréhension d son environnement qui la caractérise dans son état le plus banal et le plus fréquemment trouvé : « de prime abord et le plus souvent », dit-il, dans une formule qui revient à de nombreuses reprises dans Être et temps.
De prime abord et le plus souvent, cela signifie : dans l’état de compréhension le plus courant, dans lequel je suis pris dans un enchevêtrement de croyances, de souvenirs, de désirs, de projets, de jugements, de savoirs, etc. C’est ce que Heidegger appelle parfois aussi « le Dasein dans sa quotidienneté ».
Il n’y a pas de « purification préalable » du terrain de la conscience chez Heidegger alors qu’elle est le passage obligé de l’entrée dans la philosophie pour Husserl. Il arrivera à Husserl de parler de « conversion phénoménologique ». Chez Heidegger, cette conversion devient le passage du moi inauthentique inévitablement premier au moi authentique.
Cette différence d’approche est explicitement mentionnée par Heidegger au § 25 d’Être et temps.
La question du moi et du caractère premier et indubitable de la donation du moi s’y trouve posée.