Critique de la performativité
J’en viens donc maintenant au point polémique que j’ai annoncé. Il vise à critiquer la notion de performativité en raison des limites dans lesquelles, lorsqu’elle est appliquée au récit, elle tend à enfermer la notion de narration.
La notion de performativité a connu une longue et fascinante élaboration conceptuelle depuis sa première formulation par John Austin, dans les années 1950, jusqu’à son utilisation généralisée par Judith Butler et au delà.
Mais elle implique un rapport au temps qui est tourné principalement vers le présent et vers le futur.
Comme le montrent très bien les exemples canoniques fournis par Austin lui-même, j’affirme quelque chose dans le présent et le futur se voit modifié par ma déclaration : « je vous déclare mari et femme » et par cette seule déclaration, à l’instant où je la prononce et pour tout le temps qui s’étend à sa suite, ma parole prend effet, c’est-à-dire devient le réel lui-même.