Tout récit est jeu avec le temps
Le texte de Heidegger intitulé Être et temps, publié en 1927, constitue, de l’avis de Ricœur (dans Temps et récit) mais aussi de nombreux autres commentateurs, un point d’ouverture fondamental (et difficile) pour tout ce qui concerne la narration.
Pourquoi ? Essentiellement parce que c’est la question du temps qui se trouve au cœur de la réflexion. Or, tout récit est jeu avec le temps.
Si je raconte une histoire, que ce soit l’histoire des dinosaures, l’histoire de l’invention de l’écriture ou celle de tel ou tel peuple ou de tel ou tel individu, ou encore l’histoire du futur (dans la science fiction, par exemple), le fait de produire un récit implique un déplacement dans le temps.
Je raconte quelque chose et je me déplace par une « imagination temporelle » : mon imagination me transporte dans un temps qui n’est pas celui à partir duquel je produis le récit.
La réflexion sur le temps, moins développée dans l’œuvre de Husserl que dans celle de Heidegger, pour des raisons que nous allons analyser, nous conduit à nous appuyer sur cette dernière. Mais le fondateur de la phénoménologie est Husserl et il faudra aussi analyser en détail cette fondation.