Le récit doit inévitablement adopter un point de vue
Le récit doit inévitablement adopter une certaine perspective sur les événements qu’il dérit, un certain point de vue. C’est ce point de vue qui permet au récit de négliger certains événements et d’en retenir d’autres. En ce sens, toute narration est l’expression d’un point de vue.
Enfin, cette situation, est, par elle-même capable de provoquer des affects, une réponse émotionnelle, ou, pour mieux dire, une disposition affective.
Événement, situation, disposition : ce sont là les trois concepts majeurs que le concept de narration lie les uns aux autres. Si les énoncés narratifs sont des entités agissantes, c’est parce que tout énoncé narratif implique le choix d’une ligne de significativité au sein d’une situation qui en comporte un très grand nombre.
L’action ici ne consiste donc pas à imposer une signification, comme le laisse entendre la notion de performativité. Mais elle consiste à affirmer que tel ou tel événement devient intelligible quand il est raconté de telle ou telle manière.
Et c’est parce que la ligne d’intelligibilité d’un événement dans une situation est librement choisie par celui qui le raconte que le passé est lui aussi, en partie, librement façonné par le récit (une propriété du récit dont abusent parfois certains hommes politiques qui présentent l’histoire comme ils voudraient qu’elle se soit déroulée mais qui n’en est pas moins une propriété essentielle de tout récit).