53 Matravers réévalue la différence initialement
Il va s’agir d’abord de montrer qu’il n’y a pas, contrairement à ce qu’affirmait Radford, de différence fondamentale entre le récit de ce qui a eu lieu et le récit de ce qui pourrait avoir lieu (ce qui aurait pu avoir lieu dans le passé ou ce qui pourrait avoir lieu dans le futur).
Il le fait à partir de ce qu’on pourrait appeler une « expérience de pensée » :
Dans la première, je réunis ma famille et leur parle de ce qui s’est passé il y a vingt ans lorsque mon grand-père a été attaqué par des loups. Je leur précise que je leur parle de quelque chose qui s’est réellement passé, et je leur raconte, avec des détails à glacer le sang, comment les loups ont opéré : l’un d’eux est allé à gauche, l’autre à droite, et le troisième est resté à l’ouverture de la grotte. Ou bien, au lieu de raconter un incident réel, je peux leur parler d’une histoire que j’ai inventée. Je leur précise que ce que je leur raconte ne s’est pas réellement produit mais, comme je suis un expert en matière d’attaques de loups, je suis en mesure de donner un récit crédible et à glacer le sang sur la façon dont trois loups attaqueraient ; l’un irait à gauche, l’autre à droite et le troisième resterait à l’ouverture de la caverne. Dans ces deux situations, aucun objet n’est présent, et pourtant les deux sont susceptibles de déclencher des émotions dirigées vers des objets. Il importe d’en rendre compte, mais ce compte-rendu est nécessaire tout autant pour l’histoire non fictive et pour l’histoire fictive.