40 La notion, à première vue paradoxale, de « vérité fictive »

Tout ceci, toute cette introduction de la problématique, va conduire à poser une question, celle de la « vérité fictive ».

Les propositions qui sont, comme nous le disons, « vraies dans (le monde de) » un roman, une peinture ou un film sont fictives. Ainsi, il est fictif qu’il existe une société de personnes minuscules appelées « Lilliputiens ». Et dans l’exemple cité plus haut, il est fictif qu’une terrible bave verte soit en liberté.

Les vérités fictives se présentent sous forme de groupes, et chacun de ces groupes constitue un « monde fictif ». Le fait qu’il existait (fictivement) une société de personnes minuscules et le fait qu’un homme nommé « Gulliver » était (fictivement) médecin de bord appartiennent au même monde fictif. Le fait que, fictivement, une bave verte soit en liberté appartient à un monde fictif différent. Il existe, en gros, un monde fictif distinct correspondant à chaque roman, peinture, film, jeu de fiction, rêve ou rêve éveillé.

Toutes les vérités fictives sont, d’une manière ou d’une autre, créées par l’homme. Mais il existe deux manières très différentes de les fabriquer, et deux types correspondants de vérités fictives.