26 Naissance de l’empathie

L’Einfühlung (qui sera plus tard traduit en français par le terme « empathie »), conduit ainsi à établir de subtiles distinctions : si je suis triste, un paysage qu’en d’autre temps j’aurais pu juger joyeux, peut m’apparaître particulièrement sinistre, comme si le paysage riait ou se moquait de ma propre douleur.

Il s’agit là, manifestement, d’une transposition de mon état d’âme au paysage. Je projette ma tonalité affective sur l’environnement et repère alors des dissonances. Mais, dans d’autres cas, c’est plutôt les choses qui semblent faire pénétrer en moi leur humeur.

L’Einfühlung, l’empathie, c’est donc, avant d’être la capacité de sentir ce qu’autrui éprouve, la capacité à éprouver les lieux, à être affecté par leur proximité, à être pénétré de l’ambiance que ces lieux contiennent. L’empathie, c’est, initialement, le concept qui désigne l’humeur des lieux. Quand cette empathie s’appuie sur des phénomènes de mémoire, elle produit ce que Didier Eribon a pu décrire.