41 Bill et l’annonce d’un traitement
Bill annonce qu’un traitement est sur le point d’être mis au point :
Le 18 mars 1988, de retour à Paris, je dîne chez Robin en compagnie de Gustave, la veille de leur départ pour la Thaïlande.
Bill est dans un état d’excitation indescriptible, qui va emporter avec lui notre dîner, et monopoliser toutes nos conversations : il nous annonce tout de go qu’on vient de mettre au point en Amérique un vaccin efficace contre le sida, pas vraiment un vaccin pour être exact, puisque en principe un vaccin est préventif, alors disons un vaccin curatif, obtenu à partir du virus HIV et administré à des séropositifs non symptomatiques, appelés initialement les « porteurs sains » jusqu’à ce qu’on remette en cause le côté sain d’un homme contaminé par le sida, de façon à bloquer sa virulence, à empêcher le virus de mettre en branle son processus de destruction, mais c’est un secret absolu, Bill compte sur notre entière discrétion à nous tous pour ne pas donner de faux espoirs à de pauvres malades qui, de surcroît, par leur affolement, pourraient mettre des bâtons dans les roues de l’expérimentation qu’on devrait bientôt mener en France, nous sommes tous ici présents bien sûr qui connaissons des malades du sida mais il va de soi qu’aucun malade ne se cache parmi nous.
C’est la raison pour laquelle, à partir de cette date (18 mars 1988), Hervé Guibert se pense guéri d’une maladie pourtant incurable.