51 Les fondements philosophiques de la médecine narrative
Tout ceci ne peut se construire sans se fonder sur une certaine idée du sujet.
Rita Charon écrit, dans La médecine narrative lorsqu’elle cherche à repérer les fondements théoriques de la médecine narrative :
L’autobiographie ne peut être considérée indépendamment des idées fondamentales sur le moi, qui sont elles-mêmes influencées par les idées sur la nature du langage, de la pensée, de la conscience, du temps, de la mémoire et de la relation. Écrire ou raconter son autobiographie nous amène à poser des questions sur la véracité de notre mémoire, l’authenticité de notre estime ou de notre condamnation de nous-mêmes, les fondements de notre goût et la continuité ou la discontinuité atteinte tout au long de notre vie. Où le soi est-il récupérable - si tant est qu’il y ait un soi récupérable - dans la mémoire, dans la réalité extérieure, dans les autres ou dans le langage ? Existe-t-il un passé factuel et objectivement récupérable, ou le passé est-il une construction de souvenirs et de désirs ? Comment la mémoire est-elle liée à l’expérience, et comment sont-elles toutes deux liées à l’imagination ? Enfin, quelle est la relation entre l’écriture du moi et le fait d’être ce moi, c’est-à-dire que l’identité existe-t-elle en dehors de sa représentation textuelle par la main de ce moi ?