40 Temps et récit = développement de cette thèse
En ce qui concerne les inspirateurs de Ricœur, ce dernier ne se fait pas faute de les mentionner et de les commenter, voire de les discuter abondamment.
Pour Temps et récit, la principale dette que souligne Ricœur est celle qu’il doit à Heidegger.
C’est dans l’analyse heideggerienne de la temporalité, dans l’Être et le Temps, que la percée opérée par Augustin est exploitée de la façon la plus décisive, bien que ce soit, comme on le dira, à partir de la méditation sur l’être-pour-la-mort et non, comme chez Augustin, à partir de la structure du triple présent. Je tiens pour un acquis inappréciable de l’analyse heideggerienne d’avoir établi, avec les ressources d’une phénoménologie herméneutique, que l’expérience de la temporalité est susceptible de se déployer à plusieurs niveaux de radicalité.
Seule la philosophie de Heidegger, franchement axée sur le souci et non sur la perception, pourra lever les inhibitions qui paralysent l’analyse husserlienne de l’attente.
Nous devons à Heidegger trois admirables découvertes : selon la première, la question du temps comme totalité est enveloppée, d’une manière qui reste à expliciter, dans la structure fondamentale du Souci.