Qu’il s’agisse d’affirmer l’identité structurale entre l’historiographie [récit historique] et le récit de fiction, comme on s’efforcera de le prouver dans la deuxième et la troisième partie, ou qu’il s’agisse d’affirmer la parenté profonde entre l’exigence de vérité de l’un et l’autre modes narratifs, comme on le fera dans la quatrième partie, une présupposition domine toutes les autres, à savoir que l’enjeu ultime aussi bien de l’identité structurale de la fonction narrative que de l’exigence de vérité de toute œuvre narrative, c’est le caractère temporel de l’expérience humaine. Le monde déployé par toute œuvre narrative est toujours un monde temporel. Ou, comme il sera souvent répété au cours de cet ouvrage : le temps devient temps humain dans la mesure où il est articulé de manière narrative ; en retour le récit est significatif dans la mesure où il dessine les traits de l’expérience temporelle.