43 Une éthique littéraire
Cette conception débouche sur une sorte d’éthique littéraire. Camille Laurens :
Je n’aurais su mieux dire à quoi sert la littérature – ce qu’elle doit être dans le rapport qu’elle entretient par essence avec la douleur : pourquoi des livres si l’on n’a pas souffert ? Parmi eux, certains s’offrent à partager la douleur, à l’adoucir, à la distraire, à l’escamoter. Mais d’autres ont une autre visée, que la vie rapide et la cécité ordinaire ne permettent pas. […] des livres – n’est-ce donc rien ? – dont la lecture comme l’écriture, loin de nous embarquer ailleurs, nous tirent vers le miroir, vers un lieu où, nous voyant soudain à l’arrêt, saisis dans le cadre, ombres, cernes, rides gravés sur le vif-argent de l’enfance, nous pouvons simplement, simplement comprendre notre douleur.