26 La question qui ?
La question du « qui ? », au cœur de ce que Ricœur nomme l’ipséité va se retrouver dans les discussions qui vont accompagner le développement de l’autofiction. Car si l’autofiction est pratiquée depuis sans doute des temps immémoriaux, comme l’a remarqué Vincent Colonna (Autofictions et autres mythomanies littéraires, 2004), on doit bien remarqué qu’elle se développe de façon spectaculaire à partir du moment où elle a été identifiée comme telle, donc à partir du moment où elle s’est vue doté d’un nom (ce moment est facile à dater : parution du livre intitulé Fils, par Doubrovsky, 1977).
C’est une vingtaine d’années après, donc au début des années 2000, que l’autofiction va devenir un authentique champ de production littéraire identifié comme tel avec une littérature qui tient de la confession et du témoignage, souvent de l’exposé plus ou moins distancié de souffrances psychiques, comme chez Christine Angot avec des récits ayant trait à un inceste subi, chez Annie Ernaux, comme, plus récemment, chez Vanessa Springora, histoire d’une relation entre un adulte et une très jeune fille, avec les effets politiques et sociaux que cela peut engendrer.