37 Philosophie dans le débat entre Laurens et Darrieussecq

Mais, si on se tourne vers la seule polémique entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq, on va également trouver que des positions philosophiques sont sollicitées.

Camille Laurens s’appuie largement sur le livre L’ère du soupçon de Nathalie Sarraute, dont nous avons parlé au début de ce cours.

Cet essai (compilation de plusieurs essais) se présente comme une sorte de réflexion sur le Nouveau Roman qui tente d’en éclairer la philosophie.

La première de ces questions, je la trouve exprimée par Nathalie Sarraute dans L’Ère du soupçon. Elle évoque « ces états complexes et ténus qu’il [le romancier] cherche à découvrir » et qui sont « comme ces phénomènes de la physique moderne, si délicats et infimes qu’un rayon de lumière ne peut les éclairer sans qu’il les trouble et les déforme. Aussi, dès que le romancier essaie de les décrire sans révéler sa présence, il lui semble entendre le lecteur, pareil à cet enfant à qui sa mère lisait pour la première fois une histoire, l’arrêter en demandant : “Qui dit ça ?” ».