47 Déjà Aristote avait plaidé, contre Platon, pour la liberté de la fiction
Darrieussecq, cite alors Aristote (qui apparaît donc comme le philosophe qui se voit chargé de sa défense). Elle écrit :
Aristote, cinquante ans après Platon, ne porte pas de jugement moral sur le récit fictif à la première personne. Au contraire, il loue sans limite l’imaginaire. Aristote décrit et définit plus qu’il ne recommande, et jamais il ne condamne – « surtout, dit-il, si on considère combien on critique aujourd’hui les poètes ». On est en 330 avant J.-C.
Et elle continue :
Il va sans dire que ce qu’Aristote nommait la mimesis était le summum du plagiat psychique. Éloge de l’hystérie, éloge de ceux qui savent s’inventer des vies et se glisser dans des peaux fictives : « L’art de la poésie appartient à des êtres naturellement doués ou à des exaltés : les premiers sont aptes à se façonner à leur gré en personnages, les seconds à s’abandonner au délire poétique. » Il ne s’agit pas d’avoir vécu cette souffrance pour la dire, mais d’inventer une histoire à partir du fond commun de la souffrance humaine, en reprenant des personnages types – Antigone, Jocaste, Clytemnestre, Médée, Œdipe…