30 Gérard Genette, dans Fiction et diction, sur l’autofiction
Ce rôle fondateur de Proust a été également souligné par Gérard Genette :
Mais nous savons – et Proust sait mieux que personne – que cette œuvre [À la recherche du temps perdu] n’est pas non plus une véritable autobiographie. Il faudrait décidément dégager pour la Recherche un concept intermédiaire [dont] le « contrat de lecture » serait à peu près celui-ci : « Dans ce livre, je, Marcel Proust, raconte (fictivement) comment je rencontre une certaine Albertine, comment je m’en éprends, comment je la séquestre, etc. C’est à moi que dans ce livre je prête ces aventures, qui dans la réalité ne me sont nullement arrivées, du moins sous cette forme. Autrement dit, je m’invente une vie et une personnalité qui ne sont pas exactement (pas toujours) les miennes ». Comment appeler ce genre, cette forme de fiction, puisque fiction, au sens fort du terme, il y a bien ici ? Le meilleur terme serait sans doute celui dont Serge Doubrovsky désigne son propre récit : autofiction.
Je reviendrai sur ces points dans le cours sur le Médecine narrative en me penchant notamment sur l’œuvre d’Oswald Ducrot, Le dire et le dit (1984).