42 Il y a donc là toute une conception du réalisme

Une conception du réalisme qu’on trouve aussi chez un autre auteur d’autofiction qui, lui aussi, écrit pour une large part dans les suites d’un deuil (celui de sa fille morte d’un cancer à 4 ans), Philippe Forest :

Le « réel » – en tant qu’il a partie liée avec l’« impossible » – n’est un « thème » que dans la mesure très exacte où ce thème a le statut d’un « reste ». Et à ce dernier mot, pour éclairer son sens, on peut rendre d’abord son acception mathématique. Divisez 10 par 3 : aussi loin que vous poussiez au-delà de la virgule, quelque chose vous demeure du dividende, et ce « quelque chose » laisse tout calcul inachevé. […] Ce « quelque chose » est là qui persiste, hétérogène par rapport à l’ordre du discours, ne se laissant pas dissoudre à l’intérieur de lui, et appelant du coup l’écho d’une parole – le roman – qui saura le recueillir, ce reste dont la « réalité » ne veut pas, où il n’a pas sa place.