40 Problème de l’enracinement des émotions dans une subjectivité

Le problème que soulève Laurens est donc celui de l’appartenance des émotions. Celui qui reproduit en lui une émotion peut-il être placé sur le même plan qu celui qui vit cette émotion ?

À l’inverse, quel sens y aurait-il à imaginer un roman dont le narrateur aurait le sida et décrirait longuement ses souffrances physiques et morales quand Hervé Guibert l’a fait ? Hervé Guibert écrit depuis le sida, un autre écrirait sur le sida. Comme le résume Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux : « ce que l’écriture demande […], c’est de sacrifier un peu de son Imaginaire, et d’assurer ainsi à travers sa langue l’assomption d’un peu de réel ».