40 Passage équivalence langue et sujet
On trouve alors un passage particulièrement dense où Benveniste, en quelques lignes, établit l’équivalence entre sujet et langue :
On est en présence d’une classe de mots, les « pronoms personnels », qui échappent au statut de tous les autres signes du langage. A quoi donc je se réfère-t-il ? A quelque chose de très singulier, qui est exclusivement linguistique : je se réfère à l’acte de discours individuel où il est prononcé, et il en désigne le locuteur. C’est un terme qui ne peut être identifié que dans ce que nous avons appelé ailleurs une instance de discours, ce qui n’a de référence qu’actuelle. La réalité a laquelle il renvoie est la réalité du discours. C’est dans l’instance de discours où je désigne le locuteur que celui-ci s’énonce comme « sujet ». Il est donc vrai à la lettre que le fondement de la subjectivité est dans l’exercice de la langue. Si l’on veut bien y réfléchir, on verra qu’il n’y a pas d’autre témoignage objectif de l’identité du sujet que celui qu’il donne ainsi lui-même sur lui-même.