23 Le mot « discursivité » renvoie aux multiples discours qui peuvent être produits

Par ce mot de « discursivité », Foucault entend ainsi désigner la force d’entraînement que possède un discours.

La discursivité c’est ce qui fait qu’un discours emprunte à ce qui l’a précédé et poursuit au delà. C’est donc ce qui désigne le fait qu’un discours n’est pas fermé sur lui-même mais qu’il ouvre aussi vers d’autres possibilités de discours que d’autres auteurs peuvent emprunter.

Foucault écrit :

Ces auteurs [les fondateurs de discursivité] ont ceci de particulier qu’ils ne sont pas seulement les auteurs de leurs œuvres, de leurs livres. Ils ont produit quelque chose de plus : la possibilité et la règle de formation d’autres textes. En ce sens, ils sont fort différents, par exemple, d’un auteur de romans, qui n’est jamais, au fond, que l’auteur de son propre texte. Freud n’est pas simplement l’auteur de la Traumdeutung ou du Mot d’esprit ; Marx n’est pas simplement l’auteur du Manifeste ou du Capital : ils ont établi une possibilité indéfinie de discours.

Est-ce si différent pour les auteurs de romans ? Est-ce que vraiment les auteurs de roman ne sont les auteurs que de leur propre texte ?

Il n’y aurait pas d’histoire littéraire si c’était le cas.

Le roman historique avec le Ivanhoé de Walter Scott engendre toute une descendance de romans « historiques » par des auteurs qui n’ont pas connu Walter Scott mais qui ont été captivés par son œuvre et cherchent à en produire les mêmes effets : cela montre bien que l’effet d’entraînement dont parle Foucault n’est pas limité aux seules sciences humaines mais s’étend aussi aux arts. On pourrait, par exemple, repérer le même effet d’entraînement dans l’histoire du surréalisme ou dans le Nouveau Roman.