10 Suite du récit

  • À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, une équipe se met en place pour la transplantation.

— On a un cœur. Un cœur compatible. Une équipe part immédiatement prélever. Venez maintenant. La transplantation aura lieu cette nuit. Vous entrerez au bloc autour de minuit.

Le tout entrecoupé de considérations qui pourraient avoir leur place dans un essai de philosophie de l’imaginaire. Par exemple :

Car le cœur excède le cœur, il [Virgilio, chirurgien cardiologue] l’a bien compris. Même déchu – le muscle en exercice ne suffisant plus à séparer les vivants et les morts –, il est pour lui l’organe central du corps, le lieu des manifestations les plus cruciales et les plus essentielles de la vie, et sa stratification symbolique à ses yeux est intacte. Plus encore, à la fois mécanique de pointe et opérateur d’imaginaire surpuissant, Virgilio l’envisage comme la clé de voûte des représentations qui ordonnent la relation de l’homme à son corps, aux humains, à la Création, aux dieux, et le jeune chirurgien s’émerveille en cela de son inscription dans la parole, de sa présence récurrente en ce point magique du langage toujours situé à l’exacte intersection du littéral et du figuré, du muscle et de l’affect, il se délecte des métaphores et des figures qui le font apparaître comme l’analogie même de la vie et répète à l’envi qu’apparu le premier le cœur serait aussi le dernier à disparaître.