9 Pour donner un exemple de cette littérature : Kerangal
- Le récit (28 chapitres) commence par raconter un accident qui se produit très tôt le matin.
Trois amis (trois jeunes gens) sont allés faire du surf à côté d’Etretat, profitant d’un moment météorologique favorable, très tôt, un jour de février. Ils utilisent une vieille camionnette. Au retour, c’est l’accident. Et voici le récit :
On a établi facilement que le petit camion roulait vite, une vitesse estimée à 92 km/h de sorte qu’il dépassait de 22 km/h la vitesse autorisée sur ce segment de voie, et l’on a établi aussi que, pour des raisons inconnues, il s’était déporté sur la gauche sans plus revenir dans son axe, qu’il n’avait pas freiné – pas de traces de pneus sur l’asphalte –, et qu’il avait percuté ce poteau de plein fouet ; on a constaté l’absence d’airbags, le modèle de la camionnette étant trop ancien, et que sur les trois passagers assis à l’avant, deux seulement portaient une ceinture de sécurité, ceux-là étant assis contre les portières, côté conducteur et côté passager ; enfin, on a établi que le troisième individu, placé au centre de la banquette, avait été propulsé vers l’avant sous la violence du choc, crâne heurtant le pare-brise, vingt minutes ont été nécessaires pour le dégager des tôles, était inconscient à l’arrivée du SAMU, cœur battant toujours, et ayant trouvé sa carte de cantine dans la poche de son blouson, on a établi que son nom était Simon Limbres.
Récit qu’on pourrait qualifier de « clinique ». Et qui va se prolonger du récit de ce qui se met en place dans les heures qui suivent : arrivée à l’hôpital du Havre du corps de Simon Limbre, mort cérébrale déclarée.
Un patient en attente de greffe cardiaque est contacté à Paris.
Pour lui, Simon Limbre sera un donneur d’organe. Le passage de la vie à la mort et de la maladie à sa guérison est ainsi le sujet du récit.