8 Je n’ai jamais parlé d’autre chose que de moi

Voici la citation dans son contexte :

Je n’ai jamais parlé d’autre chose que de moi. Comme c’était de l’intérieur, on ne s’en est guère aperçu. Heureusement. Car je viens là, en deux lignes, de prononcer trois termes suspects, honteux, déplorables, sur lesquels j’ai largement concouru à jeter le discrédit et qui suffiront, demain encore, à me faire condamner par plusieurs de mes pairs et la plupart de mes descendants : « moi », « intérieur », « parler de ».

Le second de ces petits mots à l’inoffensive apparence ressuscite à lui seul, fâcheusement, le mythe humaniste de la profondeur (notre vieille taupe, à nous autres écrivains), tandis que le dernier ramène en catimini celui de la représentation, dont le difficile procès traînait toujours. Quant au moi, de tout temps haïssable, il prépare ici sans aucun doute une rentrée en scène encore plus frivole : celle du biographisme.

Il s’agit donc bien, avec Le miroir qui revient, d’assumer une position qui n’est pas celle qui avait été définie (par Robbe-Grillet notamment) comme étant celle du Nouveau Roman.