36 Comment pouvons-nous être émus par le destin d’Anna Karénine ?

Cependant, lorsque nous lisons un livre ou regardons un film, même en sachant que l’histoire est fictive, nous pouvons ressentir des émotions intenses. Tel est le paradoxe de la fiction.

Si les points que je viens de mentionner sont corrects, l’émotion qu’on ressent à la lecture de romans historiques, de pièces de théâtre historiques ou de films documentaires, est compréhensible. Car ces œuvres dépeignent et nous rappellent avec force la situation et les souffrances réelles de personnes non moins réelles, et c’est pour ces personnes que nous nous sentons émus.1

Ce qui semble incompréhensible, en revanche, c’est que nous puissions avoir une réaction similaire face au destin d’Anna Karénine, à la situation de Madame Bovary ou à la mort de Mercutio. Et pourtant, c’est ce que nous faisons. Nous pleurons, nous plaignons Anna Karénine, nous clignons des yeux lorsque Mercutio est en train de mourir et nous souhaitons absurdement qu’il n’ait pas été aussi impétueux.